Caractéristiques
Une personne en DA est en souffrance. Elle se pose des questions, comme "faut-il partir ou rester?". Elle se demande si c'est elle qui a un problème qu'elle doit résoudre. Elle va généralement consulter pour tenter de trouver une solution à son mal-être. A moins qu'elle ne trouve un substitut dans une substance.
Les caractéristiques pourraient être regroupées dans 5 catégories: cognitif, émotionnel, physique, comportemental, relationnel.
1. Au niveau cognitif.
1.1. Image négative de soi.
Généralement, la personne en DA a plutôt une image négative d'elle-même. Elle se pense inférieure aux autres, nulle, incompétente, inadéquate, indigne d'être aimée, de n'avoir que ce qu'elle mérite, etc. Il s'agit là de « croyances ».
L'Analyse Transactionnelle (AT) exprime cela en termes « Je ne suis pas OK ».
La vision négative de soi fait partie des symptômes dépressifs.
Dans la théorie de l'attachement, on parle de « Modèles Internes Opérants », c'est-à-dire l'image que nous avons de nous-mêmes et des autres, issues de nos expériences.
Cette image négative de soi peut se juxtaposer à une image idéalisée de l'autre ("Tu es OK"), ou à une image négative de l'autre. Quand elle est négative, l'autre est vu comme incapable de répondre à nos besoins (malgré nos efforts) ; ex. « Tous les hommes sont... », « Les femmes sont toutes… »
Bien entendu, l'ensemble de ces idées et images ne sont pas toujours conscientisées.
1.2. Connaissance de soi
La personne en DA a généralement du mal à identifier ses besoins, ses sentiments, ses valeurs, ses désirs…. (« On sort ce soir ? – Si tu veux. – Si on allait au cinéma ? – Pourquoi pas. - Quel film veux-tu aller voir ? – Comme tu veux. »). Cela relève d'une difficulté à la mentalisation (liée elle-même au trouble de l'attachement). La mentalisation est à distinguer de l'intellectualisation.
L'exemple type est le « caméléon » qui change d’avis comme de chemise, en fonction de son interlocuteur (pour ne pas se sentir en conflit, pour ne pas se sentir rejeté). Il se suradapte à l'autre, au mépris de ses propres besoins, jugés secondaires.
Cette méconnaissance de soi entraîne une impossibilité à satisfaire ses besoins et à être heureux, entraîne une difficulté de communication authentique. Et un trouble de l’identité (Qui suis-je ?).
1.3. Attitude face aux besoins
Pour qu’un besoin puisse être satisfait, une personne doit le reconnaître, l’assumer, et agir pour le satisfaire, par exemple en faisant des demandes claires à un(e) partenaire consentant-e, disponible et désireux(se) de satisfaire ce besoin. Il s’agit là d’une attitude responsable.
On pourrait décrire le processus de satisfaction d'un besoin en 3 étapes:
a) ressentir le malaise
b) le relier à une situation insatisfaisante, à un besoin non satisfait
c) agir pour remédier à la situation
Illustrons cela par une situation concrète: je suis en voiture, mon corps vit une tension, je perçois cette tension, je la relie à l'éblouissement par le soleil, et j'agis pour satisfaire mon besoin de bien-être, pour rétablir mon équilibre, en abaissant le pare-soleil.
Un bébé placé dans la même situation, comme j'ai pu l'observer dans un bus (un bébé dans une poussette, ébloui par le soleil), manifeste son mal-être en gigotant, en gémissant, en faisant des grimaces ; la mère, si elle est suffisamment attentive et réceptive, va repérer la source du mal-être de son bébé et déplacer la poussette pour que le bébé n'ait plus le soleil dans les yeux. Tout en déplaçant la poussette, elle peut aussi mettre des mots sur le mal-être de l'enfant et sur ce qu'elle fait pour l'aider (accordage).
Une personne en DA a généralement conscience de sa frustration et de ses besoins affectifs non satisfaits. Là où ça coince, c'est qu'elle peut avoir tendance à les juger infantiles ou excessifs, à les occulter, à les minimiser, à tenter de les "dépasser", à se culpabiliser (« Je n’ai pas le droit d’avoir des besoins »), et à se contenter de miettes. Elle considère qu’ils ne sont pas légitimes, elle ne se donne pas la permission de chercher à les satisfaire. Elle ne les assume pas. Elle peut aussi attendre d’être devinée ("Si c'est moi qui lui demande, alors ça ne vaut rien", "Si il me devine, c'est une preuve d'amour"), à l'image de l'enfant qui n'a pas encore les mots pour exprimer une demande.
Elle fait généralement passer ses besoins au second plan et donne la priorité aux besoins des autres (qui ont plus de valeur qu'elle dans son esprit).
Cette attitude est à mettre en lien avec l’estime de soi négative.
1.4. Attitude face aux comportements et à l'insatisfaction
Face aux comportements du (de la) partenaire, la personne en DA peut minimiser les faits, se voiler la face, lui trouver des excuses.
Par ailleurs, elle pourra rendre l’autre responsable de son insatisfaction et l'accabler de reproches, exploser de colère, ou finir par déprimer ou par tomber malade.
1.5. Perception de la réalité
A un certain stade, la personne en souffrance n’est plus aveugle, elle constate une série de faits, de ressentis : le fait que le(la) partenaire est avare d'affection et de gestes de tendresse, qu’il(elle) tient des propos méprisants (ex. sur le physique, les compétences, la santé mentale), elle a l’impression, à certains moments, d'être exploitée, de ne pas compter, ses rapprochements physiques sont souvent refusés sous prétexte qu'ils sont désagréables, elle ressent de la colère, de la déception, de la frustration …
Mais elle traite l’information et ses sentiments dans un processus de minimisation, de déni, d’excuses ou d’auto-culpabilisation : « il a eu une enfance malheureuse », « je suis trop exigeante. J’ai trop besoin d'amour, personne ne peut me donner ce que je souhaite, c'est à moi de changer mes attentes » (ce qui pourrait avoir du sens), « Ma femme ne m'aime pas, mais je repousse cette idée en me disant que je me trompe sûrement. Alors, je pense aux premiers temps de notre relation et je me dis que cela reviendra dès qu'elle vivra moins de stress ».
En CNV (Communication Non Violente), on considère que l'autre n'est pas responsable de ce que l'on vit; il en est le déclencheur, mais pas le responsable.
2. Au niveau émotionnel
2.1. Immaturité affective
C’est le fait de réagir affectivement comme un enfant, donc dans l'excès, dans le tout ou rien, dans certaines situations (ex. trahison, mensonge, absence de réponse). C’est qu’elles viennent toucher un point sensible, réactiver des blessures non guéries (de rejet, d'abandon...).
La partie Enfant contamine la partie Adulte. Comme si la maturation affective s’était trouvée bloquée à un certain stade de développement. En termes de biologie, on pourrait dire qu'à certains moments, c'est le système limbique ou reptilien qui prend les rênes, là où progressivement on devrait arriver à passer en mode "cortex pré frontal".
2.2. Frontières dysfonctionnelles
Pia MELLODY a décrit ce que sont les frontières fonctionnelles et les frontières dysfonctionnelles.
La présence de frontières fonctionnelles permet de s’ouvrir quand c’est opportun, et de se fermer quand c’est nécessaire (frontières semi-perméables).
Les frontières dysfonctionnelles sont tout le temps fermées (imperméables) ou tout le temps ouvertes (perméables). Dans le premier cas, nous dressons entre les autres et nous, de façon chronique, un mur de colère, un mur de silence ou un mur de paroles.
Dans le second cas - frontières perméables - on prend sur soi les émotions des autres (éponge), on se sent responsable du bonheur ou du malheur des autres, on néglige les signaux en provenance des autres et on enfreint leurs frontières (ex. serrer quelqu’un dans ses bras, alors qu’il/elle a esquissé un geste de recul ; abus). Comme si il n’y avait pas de filtre, de différenciation. A l’inverse, le DA avec des frontières perméables rend les autres responsables de son comportement et de ses émotions (« C’est de ta faute si je me mets en colère », « C’est à cause de toi que je suis malheureux »).
2.3. La honte et la culpabilité
Ce sont des émotions essentielles dans la DA, même si elles ne sont pas toujours conscientes.
Se sentir culpabilisé, c'est par exemple se sentir mal lorsque l'autre est en colère (on prend la colère sur soi) ou se montre attristé (air de chien battu), ou lorsqu'on l'imagine comme tel. On a alors l'impression d'avoir fait quelque chose de mal, d'avoir fait du mal à l'autre.
La honte comporte une dimension cognitive (idées négatives sur soi). Elle comporte aussi une dimension émotionnelle. Lorsque nous sommes envahis par la honte, nous pouvons sentir une perte d'énergie, nous pouvons nous sentir comme un enfant impuissant, incapable de se défendre. Nous avons envie de rentrer sous terre, de nous cacher (= comportement). Elle peut être liée à un sentiment d'incompétence, un sentiment d'échec, vécu ou appréhendé.
Nous pouvons tenter de camoufler cette honte derrière un comportement perfectionniste.
2.4. Sentiment de vide
C’est une sensation pénible, liée au manque, à l’absence (ou la non présence). Elle peut s’accompagner de sentiment de solitude, de désespoir, d'ennui. C’est lié à un fond dépressif. Il s'accompagne d'un certain sentiment d'impuissance.
Une personne qui n'est pas en dépendance affective meuble sa journée sans peine, peut apprécier les moments d'inactivité, de solitude. Par contre, en DA, certains voient leur journée vide et éprouvent du mal à programmer des activités (inhibition de l'action? procrastination, dépression? identification à la mère dépressive?); ils n’arrivent pas à se réjouir pour un événement de leur journée.
2.5. Hypersensibilité
Certaines situations sont décodées en termes d’abandon et de rejet. Par exemple, quand la partenaire va passer un week-end chez une amie ou va passer la soirée avec une amie.
Les moments de séparation peuvent être mal vécus, avec une sensation de manque, de la colère, une difficulté à se concentrer sur autre chose, à se consacrer à ses propres activités.
Dans ces situations, on peut ressentir de la colère, sans avoir conscience de ce qu'elle recouvre. L'étape suivante sera de pouvoir mettre des mots sur le sentiment d'être abandonné, en espérant que cela pourra être entendu du(de la) partenaire (résolution du transfert dans les relations, Michelle LARIVEY).
Cette hypersensibilité peut aussi se retrouver face à l’échec. Par exemple, personnellement, je me sens anxieux avant de passer ma voiture au contrôle technique ; j’appréhende d’être « recalé ». C'est peut-être le cas d'autres personnes, mais je sens que chez moi cela vient toucher quelque chose qui a trait au rejet, au sens de ma valeur. Par contre, si je dois passer la voiture de quelqu'un d'autre, je n'ai pas cette appréhension.
Sensibilité aux critiques.
2.6. Anxiété
L’anxiété, c’est une tension. La personne est sur la défensive, il y a une peur diffuse, qui provient d'un conditionnement. On la retrouve dans les phobies. Dans l'anxiété sociale, la personne a peur du contact social.
L'anxiété peut être mentale: les idées se bousculent dans la tête, la personne appréhende des catastrophes.
3. Au niveau physique
Les sensations sont diverses.
En général, il y a présence de tension, même si elle n’est pas ressentie (du fait qu'on baigne dedans depuis qu'on est tout petit).
Selon les personnes, on pourra trouver une sensation de poids, des migraines, une perte d’énergie, perte d’élan vital, des douleurs (ex. fibromyalgie), un syndrome de fatigue chronique…
Les symptômes physiques sont liés à la présence d'un stress chronique qui, à la longue, finit par épuiser l'organisme, à le rendre plus fragile (burn out), à affaiblir le système immunitaire.
Certains personnes rapportent la sensation que le sol se dérobe sous leurs pieds, ou qu'elles se liquéfient. Il s'agit probablement d'un vécu de la toute petite enfance.
4. Au niveau du comportement
Manque d’affirmation de soi
S’affirmer, c’est oser dire non, oser faire des demandes claires, mettre des limites, prendre sa place, se défendre, se livrer, exprimer son point de vue…
La personne en DA adopte une attitude passive face à ses besoins ; elle attend que l’autre la devine, puis se fâche de ne pas avoir été devinée, ne se sent pas comprise. Elle tend des perches, dans l’espoir que l’autre se propose (manipulation). Comme si j’entrais dans une boulangerie et que j’attendais sans rien dire que la vendeuse me propose la gaufre aux fruits que je convoite. Il faudrait alors qu'elle passe en revue tout ce qu'elle peut m'offrir et qu'elle soit attentive à mes réactions.
Comme la personne qui ferait remarquer à son partenaire : « Tiens, il y a un nouveau cinéma qui a ouvert dans le quartier », sans exprimer qu’elle a envie d’y aller.
Cette attitude peut s'expliquer par la peur du refus, vécu comme un rejet.
Le manque d’affirmation de soi est relié à la culpabilité, à la peur du rejet, du conflit. il peut trouver son origine dans une expérience où l'affirmation de soi a été sévèrement réprimée. Il entretient l’estime de soi négative.
Le manque d'affirmation de soi peut être partiel: la personne peut par exemple parfaitement fonctionner en milieu professionnel et perdre ses moyens en relation amoureuse. Dans la thérapie des traumas, on distingue la PAN (Partie Apparemment Normale) et les PE (Parties Emotionnelles).
Action
La capacité d’action peut se trouver refrénée du fait d’une inhibition, d’un sentiment d’impuissance, de ne pas avoir de pouvoir sur sa vie. Les tâches à accomplir s'accumulent, ce qui maintient le stress à un niveau élevé.
Inversement, d'autres personnes se montrent hyperactives. Celles-ci mènent généralement une vie professionnelle sans encombres, tandis que les premières peuvent se trouver désinsérées.
Du fait de l'estime de soi négative, la personne en DA recherche à l’extérieur des moyens qui vont rehausser son estime (ex. l’opinion d’autrui, biens matériels, travail, position sociale, pouvoir de séduction …). Dès lors, celle-ci reste fragile, car il suffit que ce moyen vienne à faire défaut pour que le mal-être fasse son apparition.
Prise de décision
Du fait du manque de confiance en soi, la personne peut très bien savoir ce qu'elle voudrait, par exemple au niveau de l'achat d'un vêtement, mais elle remettra à l'autre le pouvoir de décider.
Assuétudes
Pour combler son vide intérieur, pour se remplir, pour se sentir exister, pour se sentir plus à l'aise en société, pour supporter son mal-être, la personne en DA peut se tourner vers des comportements ou des produits. Par exemple, recherche de sensations fortes, auto-mutilations, achats compulsifs, sexualité compulsive, alcool, drogue, travail, nourriture, etc.
Protestation
BOWLBY, dans la théorie de l'attachement, a décrit 3 stades vécus par l'enfant en cas de séparation : protestation, désespoir, détachement.
L'enfant séparé de sa figure d'attachement manifeste des comportements de protestation, destinés à décourager la figure d'attachement de s'éloigner à nouveau : colère, froideur...
Chez l'adulte, on pourra retrouver en plus des crises de jalousie.
5. Au niveau relationnel
Le manque de communication authentique entraîne une absence d’intimité vraie. La relation d’intimité nécessite d’être en contact avec ses sentiments et ses besoins, de s’affirmer.
La fusion n'est pas l'intimité.
On note des ruptures à répétition, de nombreux conflits relationnels, une obsession pour le(la) partenaire.
La personne en DA a besoin d’être rassurée en permanence, elle peut ne jamais se satisfaire (ce n’est jamais assez), avoir du mal à garder (« J’ai un trou dans le cœur », puits sans fond, « enfant passoire »), ce qui exerce une pression sur l’autre et cause une irritation qui ne peut que nuire à la qualité de la relation. Dans ce cas, nous ne sommes plus dans la demande, mais dans l’exigence, et donc dans une relation de pouvoir.
La contradiction chez la personne DA, c’est que, tout en revendiquant le droit à l’amour, une partie d’elle peut avoir du mal à recevoir (« Je ne mérite pas »). Elle peut donc en arriver à s’auto-saboter, en dénigrant ce qui lui est offert.
Il peut arriver que le partenaire soit inadéquat. Par contre, lorsqu’elle se trouve face à un(e) partenaire chaleureux, la personne en DA peut s’ennuyer et ne ressentir aucun désir sexuel.
La personne qui vit par procuration (au travers des célébrités, de ce qui arrive aux proches, des faits divers…).
Les caractéristiques pourraient être regroupées dans 5 catégories: cognitif, émotionnel, physique, comportemental, relationnel.
1. Au niveau cognitif.
1.1. Image négative de soi.
Généralement, la personne en DA a plutôt une image négative d'elle-même. Elle se pense inférieure aux autres, nulle, incompétente, inadéquate, indigne d'être aimée, de n'avoir que ce qu'elle mérite, etc. Il s'agit là de « croyances ».
L'Analyse Transactionnelle (AT) exprime cela en termes « Je ne suis pas OK ».
La vision négative de soi fait partie des symptômes dépressifs.
Dans la théorie de l'attachement, on parle de « Modèles Internes Opérants », c'est-à-dire l'image que nous avons de nous-mêmes et des autres, issues de nos expériences.
Cette image négative de soi peut se juxtaposer à une image idéalisée de l'autre ("Tu es OK"), ou à une image négative de l'autre. Quand elle est négative, l'autre est vu comme incapable de répondre à nos besoins (malgré nos efforts) ; ex. « Tous les hommes sont... », « Les femmes sont toutes… »
Bien entendu, l'ensemble de ces idées et images ne sont pas toujours conscientisées.
1.2. Connaissance de soi
La personne en DA a généralement du mal à identifier ses besoins, ses sentiments, ses valeurs, ses désirs…. (« On sort ce soir ? – Si tu veux. – Si on allait au cinéma ? – Pourquoi pas. - Quel film veux-tu aller voir ? – Comme tu veux. »). Cela relève d'une difficulté à la mentalisation (liée elle-même au trouble de l'attachement). La mentalisation est à distinguer de l'intellectualisation.
L'exemple type est le « caméléon » qui change d’avis comme de chemise, en fonction de son interlocuteur (pour ne pas se sentir en conflit, pour ne pas se sentir rejeté). Il se suradapte à l'autre, au mépris de ses propres besoins, jugés secondaires.
Cette méconnaissance de soi entraîne une impossibilité à satisfaire ses besoins et à être heureux, entraîne une difficulté de communication authentique. Et un trouble de l’identité (Qui suis-je ?).
1.3. Attitude face aux besoins
Pour qu’un besoin puisse être satisfait, une personne doit le reconnaître, l’assumer, et agir pour le satisfaire, par exemple en faisant des demandes claires à un(e) partenaire consentant-e, disponible et désireux(se) de satisfaire ce besoin. Il s’agit là d’une attitude responsable.
On pourrait décrire le processus de satisfaction d'un besoin en 3 étapes:
a) ressentir le malaise
b) le relier à une situation insatisfaisante, à un besoin non satisfait
c) agir pour remédier à la situation
Illustrons cela par une situation concrète: je suis en voiture, mon corps vit une tension, je perçois cette tension, je la relie à l'éblouissement par le soleil, et j'agis pour satisfaire mon besoin de bien-être, pour rétablir mon équilibre, en abaissant le pare-soleil.
Un bébé placé dans la même situation, comme j'ai pu l'observer dans un bus (un bébé dans une poussette, ébloui par le soleil), manifeste son mal-être en gigotant, en gémissant, en faisant des grimaces ; la mère, si elle est suffisamment attentive et réceptive, va repérer la source du mal-être de son bébé et déplacer la poussette pour que le bébé n'ait plus le soleil dans les yeux. Tout en déplaçant la poussette, elle peut aussi mettre des mots sur le mal-être de l'enfant et sur ce qu'elle fait pour l'aider (accordage).
Une personne en DA a généralement conscience de sa frustration et de ses besoins affectifs non satisfaits. Là où ça coince, c'est qu'elle peut avoir tendance à les juger infantiles ou excessifs, à les occulter, à les minimiser, à tenter de les "dépasser", à se culpabiliser (« Je n’ai pas le droit d’avoir des besoins »), et à se contenter de miettes. Elle considère qu’ils ne sont pas légitimes, elle ne se donne pas la permission de chercher à les satisfaire. Elle ne les assume pas. Elle peut aussi attendre d’être devinée ("Si c'est moi qui lui demande, alors ça ne vaut rien", "Si il me devine, c'est une preuve d'amour"), à l'image de l'enfant qui n'a pas encore les mots pour exprimer une demande.
Elle fait généralement passer ses besoins au second plan et donne la priorité aux besoins des autres (qui ont plus de valeur qu'elle dans son esprit).
Cette attitude est à mettre en lien avec l’estime de soi négative.
1.4. Attitude face aux comportements et à l'insatisfaction
Face aux comportements du (de la) partenaire, la personne en DA peut minimiser les faits, se voiler la face, lui trouver des excuses.
Par ailleurs, elle pourra rendre l’autre responsable de son insatisfaction et l'accabler de reproches, exploser de colère, ou finir par déprimer ou par tomber malade.
1.5. Perception de la réalité
A un certain stade, la personne en souffrance n’est plus aveugle, elle constate une série de faits, de ressentis : le fait que le(la) partenaire est avare d'affection et de gestes de tendresse, qu’il(elle) tient des propos méprisants (ex. sur le physique, les compétences, la santé mentale), elle a l’impression, à certains moments, d'être exploitée, de ne pas compter, ses rapprochements physiques sont souvent refusés sous prétexte qu'ils sont désagréables, elle ressent de la colère, de la déception, de la frustration …
Mais elle traite l’information et ses sentiments dans un processus de minimisation, de déni, d’excuses ou d’auto-culpabilisation : « il a eu une enfance malheureuse », « je suis trop exigeante. J’ai trop besoin d'amour, personne ne peut me donner ce que je souhaite, c'est à moi de changer mes attentes » (ce qui pourrait avoir du sens), « Ma femme ne m'aime pas, mais je repousse cette idée en me disant que je me trompe sûrement. Alors, je pense aux premiers temps de notre relation et je me dis que cela reviendra dès qu'elle vivra moins de stress ».
En CNV (Communication Non Violente), on considère que l'autre n'est pas responsable de ce que l'on vit; il en est le déclencheur, mais pas le responsable.
2. Au niveau émotionnel
2.1. Immaturité affective
C’est le fait de réagir affectivement comme un enfant, donc dans l'excès, dans le tout ou rien, dans certaines situations (ex. trahison, mensonge, absence de réponse). C’est qu’elles viennent toucher un point sensible, réactiver des blessures non guéries (de rejet, d'abandon...).
La partie Enfant contamine la partie Adulte. Comme si la maturation affective s’était trouvée bloquée à un certain stade de développement. En termes de biologie, on pourrait dire qu'à certains moments, c'est le système limbique ou reptilien qui prend les rênes, là où progressivement on devrait arriver à passer en mode "cortex pré frontal".
2.2. Frontières dysfonctionnelles
Pia MELLODY a décrit ce que sont les frontières fonctionnelles et les frontières dysfonctionnelles.
La présence de frontières fonctionnelles permet de s’ouvrir quand c’est opportun, et de se fermer quand c’est nécessaire (frontières semi-perméables).
Les frontières dysfonctionnelles sont tout le temps fermées (imperméables) ou tout le temps ouvertes (perméables). Dans le premier cas, nous dressons entre les autres et nous, de façon chronique, un mur de colère, un mur de silence ou un mur de paroles.
Dans le second cas - frontières perméables - on prend sur soi les émotions des autres (éponge), on se sent responsable du bonheur ou du malheur des autres, on néglige les signaux en provenance des autres et on enfreint leurs frontières (ex. serrer quelqu’un dans ses bras, alors qu’il/elle a esquissé un geste de recul ; abus). Comme si il n’y avait pas de filtre, de différenciation. A l’inverse, le DA avec des frontières perméables rend les autres responsables de son comportement et de ses émotions (« C’est de ta faute si je me mets en colère », « C’est à cause de toi que je suis malheureux »).
2.3. La honte et la culpabilité
Ce sont des émotions essentielles dans la DA, même si elles ne sont pas toujours conscientes.
Se sentir culpabilisé, c'est par exemple se sentir mal lorsque l'autre est en colère (on prend la colère sur soi) ou se montre attristé (air de chien battu), ou lorsqu'on l'imagine comme tel. On a alors l'impression d'avoir fait quelque chose de mal, d'avoir fait du mal à l'autre.
La honte comporte une dimension cognitive (idées négatives sur soi). Elle comporte aussi une dimension émotionnelle. Lorsque nous sommes envahis par la honte, nous pouvons sentir une perte d'énergie, nous pouvons nous sentir comme un enfant impuissant, incapable de se défendre. Nous avons envie de rentrer sous terre, de nous cacher (= comportement). Elle peut être liée à un sentiment d'incompétence, un sentiment d'échec, vécu ou appréhendé.
Nous pouvons tenter de camoufler cette honte derrière un comportement perfectionniste.
2.4. Sentiment de vide
C’est une sensation pénible, liée au manque, à l’absence (ou la non présence). Elle peut s’accompagner de sentiment de solitude, de désespoir, d'ennui. C’est lié à un fond dépressif. Il s'accompagne d'un certain sentiment d'impuissance.
Une personne qui n'est pas en dépendance affective meuble sa journée sans peine, peut apprécier les moments d'inactivité, de solitude. Par contre, en DA, certains voient leur journée vide et éprouvent du mal à programmer des activités (inhibition de l'action? procrastination, dépression? identification à la mère dépressive?); ils n’arrivent pas à se réjouir pour un événement de leur journée.
2.5. Hypersensibilité
Certaines situations sont décodées en termes d’abandon et de rejet. Par exemple, quand la partenaire va passer un week-end chez une amie ou va passer la soirée avec une amie.
Les moments de séparation peuvent être mal vécus, avec une sensation de manque, de la colère, une difficulté à se concentrer sur autre chose, à se consacrer à ses propres activités.
Dans ces situations, on peut ressentir de la colère, sans avoir conscience de ce qu'elle recouvre. L'étape suivante sera de pouvoir mettre des mots sur le sentiment d'être abandonné, en espérant que cela pourra être entendu du(de la) partenaire (résolution du transfert dans les relations, Michelle LARIVEY).
Cette hypersensibilité peut aussi se retrouver face à l’échec. Par exemple, personnellement, je me sens anxieux avant de passer ma voiture au contrôle technique ; j’appréhende d’être « recalé ». C'est peut-être le cas d'autres personnes, mais je sens que chez moi cela vient toucher quelque chose qui a trait au rejet, au sens de ma valeur. Par contre, si je dois passer la voiture de quelqu'un d'autre, je n'ai pas cette appréhension.
Sensibilité aux critiques.
2.6. Anxiété
L’anxiété, c’est une tension. La personne est sur la défensive, il y a une peur diffuse, qui provient d'un conditionnement. On la retrouve dans les phobies. Dans l'anxiété sociale, la personne a peur du contact social.
L'anxiété peut être mentale: les idées se bousculent dans la tête, la personne appréhende des catastrophes.
3. Au niveau physique
Les sensations sont diverses.
En général, il y a présence de tension, même si elle n’est pas ressentie (du fait qu'on baigne dedans depuis qu'on est tout petit).
Selon les personnes, on pourra trouver une sensation de poids, des migraines, une perte d’énergie, perte d’élan vital, des douleurs (ex. fibromyalgie), un syndrome de fatigue chronique…
Les symptômes physiques sont liés à la présence d'un stress chronique qui, à la longue, finit par épuiser l'organisme, à le rendre plus fragile (burn out), à affaiblir le système immunitaire.
Certains personnes rapportent la sensation que le sol se dérobe sous leurs pieds, ou qu'elles se liquéfient. Il s'agit probablement d'un vécu de la toute petite enfance.
4. Au niveau du comportement
Manque d’affirmation de soi
S’affirmer, c’est oser dire non, oser faire des demandes claires, mettre des limites, prendre sa place, se défendre, se livrer, exprimer son point de vue…
La personne en DA adopte une attitude passive face à ses besoins ; elle attend que l’autre la devine, puis se fâche de ne pas avoir été devinée, ne se sent pas comprise. Elle tend des perches, dans l’espoir que l’autre se propose (manipulation). Comme si j’entrais dans une boulangerie et que j’attendais sans rien dire que la vendeuse me propose la gaufre aux fruits que je convoite. Il faudrait alors qu'elle passe en revue tout ce qu'elle peut m'offrir et qu'elle soit attentive à mes réactions.
Comme la personne qui ferait remarquer à son partenaire : « Tiens, il y a un nouveau cinéma qui a ouvert dans le quartier », sans exprimer qu’elle a envie d’y aller.
Cette attitude peut s'expliquer par la peur du refus, vécu comme un rejet.
Le manque d’affirmation de soi est relié à la culpabilité, à la peur du rejet, du conflit. il peut trouver son origine dans une expérience où l'affirmation de soi a été sévèrement réprimée. Il entretient l’estime de soi négative.
Le manque d'affirmation de soi peut être partiel: la personne peut par exemple parfaitement fonctionner en milieu professionnel et perdre ses moyens en relation amoureuse. Dans la thérapie des traumas, on distingue la PAN (Partie Apparemment Normale) et les PE (Parties Emotionnelles).
Action
La capacité d’action peut se trouver refrénée du fait d’une inhibition, d’un sentiment d’impuissance, de ne pas avoir de pouvoir sur sa vie. Les tâches à accomplir s'accumulent, ce qui maintient le stress à un niveau élevé.
Inversement, d'autres personnes se montrent hyperactives. Celles-ci mènent généralement une vie professionnelle sans encombres, tandis que les premières peuvent se trouver désinsérées.
Du fait de l'estime de soi négative, la personne en DA recherche à l’extérieur des moyens qui vont rehausser son estime (ex. l’opinion d’autrui, biens matériels, travail, position sociale, pouvoir de séduction …). Dès lors, celle-ci reste fragile, car il suffit que ce moyen vienne à faire défaut pour que le mal-être fasse son apparition.
Prise de décision
Du fait du manque de confiance en soi, la personne peut très bien savoir ce qu'elle voudrait, par exemple au niveau de l'achat d'un vêtement, mais elle remettra à l'autre le pouvoir de décider.
Assuétudes
Pour combler son vide intérieur, pour se remplir, pour se sentir exister, pour se sentir plus à l'aise en société, pour supporter son mal-être, la personne en DA peut se tourner vers des comportements ou des produits. Par exemple, recherche de sensations fortes, auto-mutilations, achats compulsifs, sexualité compulsive, alcool, drogue, travail, nourriture, etc.
Protestation
BOWLBY, dans la théorie de l'attachement, a décrit 3 stades vécus par l'enfant en cas de séparation : protestation, désespoir, détachement.
L'enfant séparé de sa figure d'attachement manifeste des comportements de protestation, destinés à décourager la figure d'attachement de s'éloigner à nouveau : colère, froideur...
Chez l'adulte, on pourra retrouver en plus des crises de jalousie.
5. Au niveau relationnel
Le manque de communication authentique entraîne une absence d’intimité vraie. La relation d’intimité nécessite d’être en contact avec ses sentiments et ses besoins, de s’affirmer.
La fusion n'est pas l'intimité.
On note des ruptures à répétition, de nombreux conflits relationnels, une obsession pour le(la) partenaire.
La personne en DA a besoin d’être rassurée en permanence, elle peut ne jamais se satisfaire (ce n’est jamais assez), avoir du mal à garder (« J’ai un trou dans le cœur », puits sans fond, « enfant passoire »), ce qui exerce une pression sur l’autre et cause une irritation qui ne peut que nuire à la qualité de la relation. Dans ce cas, nous ne sommes plus dans la demande, mais dans l’exigence, et donc dans une relation de pouvoir.
La contradiction chez la personne DA, c’est que, tout en revendiquant le droit à l’amour, une partie d’elle peut avoir du mal à recevoir (« Je ne mérite pas »). Elle peut donc en arriver à s’auto-saboter, en dénigrant ce qui lui est offert.
Il peut arriver que le partenaire soit inadéquat. Par contre, lorsqu’elle se trouve face à un(e) partenaire chaleureux, la personne en DA peut s’ennuyer et ne ressentir aucun désir sexuel.
La personne qui vit par procuration (au travers des célébrités, de ce qui arrive aux proches, des faits divers…).